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Tout sportif, qu’il soit jeune ou âgé, essaye d’imiter les champions qu’il admire. Quel tennisman n’a pas essayé un coup entre les jambes à « la Federer » ? Quel footballeur n’a pas essayé un passement de jambes comme Zinedine Zidane ?
Ce mimétisme existe aussi chez les champions qui concourent pour l’or olympique. Quand j’ai commencé le bobsleigh en 1988, je regardais assidûment les champions de l’époque en essayant de recopier leurs trajectoires pour aller toujours plus vite. Tout n’a pas fonctionné... Vouloir copier les meilleurs quand on n’en a pas encore les capacités m’a valu quelques chutes… sans gravité et finalement très apprenantes.
Mais, je n’observais pas seulement leurs lignes dans la piste... Je regardais aussi comment ils se préparaient, comment ils se comportaient, se concentraient ou restaient calmes malgré la pression. Je notais tout sur un carnet et le soir, je modifiais mes routines du lendemain en intégrant ce que j’avais observé.
Aujourd’hui, les moyens technologiques ont évolués mais le principe reste le même. En bobsleigh, chaque équipe dispose des cameramen au bord de la piste pour les descentes d’entraînement. Entraîneur, kiné, remplaçants, autant de possibilités pour observer nos pilotes.
Mais, ces observations ne s’arrêtent pas à notre équipe. Il faut également regarder ce que font les autres. En bobsleigh, c’est tout particulièrement vrai pour les nations hôtes des compétitions. Ils connaissent mieux la piste, les variations de hauteur de glaces dans les virages, tous les petits détails qui, au final, font les grandes différences.
Par exemple, lors des JO de Sochi, toutes les nations ont eu réglementairement droit à 40 descentes dans les 2 années précédant la compétition… Toutes ? Non… Les Russes, qui évoluaient à domicile, sont arrivés aux JO avec environ 500 descentes au compteur. Le jeu a donc été d’observer et de tenter d’imiter les russes sur les 2-3 portions les plus importantes à négocier de la piste.
Films, observations, analyses, imitations ont donc rythmé nos entraînements olympiques. Les russes étant eux aussi malins, ils se sont contentés de lignes rapides mais pas optimales lors de ces descentes. Les trajectoires idéales étaient suffisamment ancrées en eux après 500 répétitions pour qu’ils puissent se permettre ce petit écart lors des entraînements.
Ce ne fut pas une surprise de les voir faire leur meilleur résultat de la saison lors des JO, avec 2 médailles d’or en bobsleigh masculin. La seule compétition de l’hiver ou les russes nous ont battus en bob à 2…
Cet apprentissage, qui découle de l’observation, je vous invite à l’essayer dans votre sphère professionnelle. Vous êtes commercial ? Regardez comment les meilleurs font pour vendre. Ou cette autre entreprise, en concurrence avec vous, et qui vient de vous souffler un marché… Pourquoi ? Qu’a-t-elle fait de différent ? Et une fois que vous l’avez identifié, regardez si vous pouvez l’implémenter dans votre manière de travailler.
Attention car ce n’est pas toujours possible !!! En bobsleigh, une trajectoire rapide dans un virage peut dépendre des qualités du pilote ou du matériel utilisé. Il ne sert alors à rien de vouloir reproduire cette stratégie si on ne possède ni l’un, ni l’autre. Il faut l’accepter et en établir une autre qui s’en rapproche le plus possible, mais avec nos possibilités.
Pour être sur de ne pas vous enfermer dans un copiage voué à l'échec, gardez toujours à l’esprit l’ensemble du processus. Trouvez un compromis entre ce que vous avez observé, ce que vous savez déjà faire et décidez ensuite ce qu'il est possible d'implémenter de nouveau. Ne vous laissez pas embarquer dans l'imitation à tout prix. Gardez vos qualités propres !!!!
N’oubliez pas également de regarder pourquoi les autres ne réussissent pas. En analysant ce qui ne marche pas chez eux, en sport ou pour une entreprise concurrente, vous aurez déjà les réponses quand vous vous trouverez face à ce problème. Vous capitaliserez sur les erreurs des autres pour réagir plus rapidement aux vôtres et limiter leur portée.
Observer ce qui se fait autour de nous est un formidable accélérateur de performance. Il permet, par l’imitation et l’expérimentation de capitaliser sur chaque élément de notre propre manière de fonctionner.
C'est un outil indispensable pour réduire l'écart qu'il peut y avoir entre l’objectif prévu et le résultat final.